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French-African Foundation

Spotlight - Clarence Kopogo

Dernière mise à jour : 14 oct. 2021

"À travers l’acte de cuisiner on promeut une culture, une histoire et des terroirs."

Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Clarence Kopogo, j’ai 40 ans, habite Paris et suis française d’origine centrafricaine. Je suis en outre l’heureuse maman de deux filles.



Que faites-vous ?

Après plusieurs années dans les domaines de l'éducation et de la culture, je suis revenue à une passion jusqu’alors refoulée : la cuisine. Il y a 7 ans, j'ai décidé de me former au métier de la cuisine afin de promouvoir le savoir-faire de ma mère et de ses nombreuses femmes de la diaspora, qui ont réussi à transmettre leur héritage culinaire à leurs enfants hors du continent. Je suis donc aujourd’hui “cheffe” avec ma marque « The Kwest by Clarence » et œuvre à la démocratisation des cuisines africaines. En tant que cheffe itinérante, lorsque je ne suis pas en résidence, je fais de courtes missions qui me permettent d'être toujours en cuisine et de perfectionner mes connaissances.



Quelle est votre actualité ?

Je travaille actuellement sur un projet de formation, dédiée aux arts culinaires en direction de la jeunesse et de l’Afrique. Un projet pensé et conçu depuis un certain temps et qui aujourd’hui prend vie. Avec mon associé Kevin Ngano, Food entrepreneur, nous avons mutualisé nos expertises pour contribuer à notre manière au développement du continent et favoriser un nouvel éveil culturel à travers le prisme de la “gastronomie”. Cela implique la formation d'acteurs conscients et engagés en faveur de l’Afrique.

Je travaille également à la création d'une plateforme dédiée aux cuisines africaines intitulée « Projet Gombos ». Cette plateforme a pour objectifs de faire la part belle aux acteurs de cette industrie, qu’ils soient en France et/ ou sur le continent, et d’y aborder les aspects sociétaux et scientifiques. Le but : décrypter comment nos cuisines restées très loin de la mondialisation arrivent à survivre et pourquoi il y a aujourd’hui un tel engouement autour de celles-ci. Je suis persuadée que les pays d'Afrique peuvent proposer un nouveau système alimentaire inspiré de ces réalités locales.



Avez-vous un moment marquant ou un déclic dans votre vie à partager avec nous ?

Alors que mon premier projet en tant qu’entrepreneur partait à vau-l'eau et que je perdais le contrôle de ce que j’avais bâti, sans oublier les conflits avec mon ancien associé, j’avais deux choix : rentrer dans une bataille juridique longue et sans doute coûteuse ou partir tout simplement sans faire de vagues. À ce moment-là, alors que j'étais tiraillée, j’ai discuté avec un ami qui m’a dit ” si tu avais une baguette magique qu’est -ce que tu ferais ? Je lui répondis du tac o tac que je donnerais tout pour cuisiner et célébrer nos mères et tantines et que c'était la seule chose que je désirais faire. Il m’a rétorqué : “tu l’as ta réponse !” C’est à ce moment que j’ai pris la décision de laisser ce projet pour lequel j’avais tout donné. En effet, j'ai compris que je pouvais simplement retirer mes cartes du jeu et poursuivre cette quête. Mais avant tout, je savais que j'avais mis mon âme et beaucoup plus dans ce projet et que sans moi ce projet échouerait. J'y ai mis fin, mon entourage n’a pas compris. J’assume, car cela m'a rendu beaucoup plus forte et j’ai ainsi pu réaffirmer mon engagement. J’ai compris que j’étais animée par quelque chose de plus grand que moi. Une mission, une vision sincère, une abnégation. C’est ma manière à moi de participer au développement de mon continent et rendre à l’Afrique ce qu’elle m’a donné.


Donc, depuis 7 ans maintenant tout ce que je fais va dans ce sens. Pendant longtemps, j’ai reproché à mes aînés leur manque d’engagement envers notre continent. J’ai compris qu’ils ont eu leurs combats à mener. J’ai compris leur choix, leurs combats, mais surtout que je pouvais les impacter à ma manière.

En effet, l'acte de manger est commun à l’ensemble de l’humanité. La cuisine de ma mère m’a faite malgré les kilomètres qui me séparent de la Centrafrique, et c’est à moi, à nous les africains, de lui donner ses lettres de noblesse. Personne ne pourra nous enlever cela, à travers l’acte de cuisiner on promeut une culture, une histoire et des terroirs.


Quel est votre rêve pour votre pays et le continent africain ? Comment comptez-vous agir pour le réaliser ?

Je souhaite pour mon continent de trouver un peu de quiétude et sortir de cet obscurantisme.

Je souhaite agir par le biais de la cuisine, car je peux dire qu’elle m’a en quelque sorte sauvée. Grâce à elle, j’ai pu retourner aux sources et apprendre de mon histoire personnelle et celle du continent. Je pense sincèrement que les questions liées à l'alimentation et aux cuisines peuvent être un puissant outil d’éveil culturel, économique et politique. Elles peuvent aider à panser certaines plaies du continent et effectuer une forme de résilience. Rien n’est fatalité, tout est mouvement.


Je souhaite agir au travers de l’éducation et de la formation, c'est la base. Les enfants et les jeunes doivent être sensibilisés aux enjeux de leur société et les instances africaines réaliser que nous pouvons élaborer nos narratives à travers nos cultures culinaires et créer de l’emploi ! Oui, cela prendra du temps, il faut simplement jeter les bases pour que la prochaine génération continue le travail.



Si vous aviez des leçons à tirer de votre parcours, quelles seraient-elles ?

Tout d’abord que rien n’est jamais figé, dès lors que l’on porte en soi un projet sincère. Il faut alors rester droit dans son chemin, faire un travail sur soi pour être en accord avec soi-même et ses principes. Également choisir une voie, un domaine qui vous passionne et le faire bien. Se former, encore et encore. Mais aussi porter une vision.


Venant du secteur de l’éducation, j’ai toujours œuvré pour aider les autres. J’ai finalement compris que c’était moi que je voulais aider dans le fond, d'où la création de ma marque « The kwest by Clarence » qui peut se traduire par la quête de Clarence. C’est un espace où j'interroge les cuisines du continent, leur aspect historique et social, afin de mieux comprendre mon histoire personnelle et celles de toutes ces femmes qui sont parties avec cet héritage immatériel et qui l’ont transmis à leurs enfants. J’en suis la preuve vivante, durant trente ans je n’ai pas mis les pieds en RCA mais j’en retrouvais les odeurs, les saveurs et autres bruits à la table de ma mère.



Si vous aviez un mot à partager avec la génération de 20 ans actuelle, quel serait-il ?

Un mot serait trop court… Je dirais qu’il est fini le temps de regarder ce qui se passe ailleurs, nous avons besoin de vrais leaders qui définissent un nouveau cap pour la jeunesse africaine.


Mais également leur dire : “Tu as le droit de rêver et tu as une place sur cette terre, va la chercher”. Travaillons ensemble en faveur de nos territoires et changeons nos paradigmes afin d’être à la table de toutes les négociations !





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